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Peut-on faire la comptabilité soi-même ?

Lecture en 7mn     Romain Laventure    

Dernière mise à jour le 9 janvier 2023

Pour réaliser des économies, certains entrepreneurs choisissent d’effectuer leur comptabilité eux-mêmes. D’ailleurs, l’intervention d’un expert-comptable ne constitue pas une obligation, contrairement aux idées reçues. Néanmoins, cette option présente des risques qui peuvent coûter cher aux entreprises. Quoi qu’il en soit, faire sa comptabilité soi-même implique de connaître les obligations légales qui s’appliquent à son statut. Les détails dans cet article.

Peut-on faire la comptabilité soi-même ?

Faire sa comptabilité soi-même : une option particulièrement avantageuse

Un entrepreneur a parfaitement bien la possibilité de tenir lui-même la comptabilité de sa structure. En effet, aucune disposition légale ne lui impose de faire appel à un expert-comptable pour l’accomplissement de cette tâche. De plus, cette solution comporte plusieurs avantages intéressants :

  • Éviter les dépenses relatives au recours d’un professionnel de la comptabilité et ainsi effectuer des économies ;
  • Anticiper les sorties de trésorerie ;
  • Profiter d’une vision complète et claire de la vie de l’entreprise, notamment concernant les finances ;
  • Mieux comprendre la situation financière de la structure et par conséquent assurer sa gestion de manière optimale.

Pour une petite entreprise, faire sa comptabilité soi-même a tout son intérêt, en particulier sur le plan économique. Toutefois, cette option ne se montre envisageable que si la personne en charge de la mission dispose des connaissances nécessaires. Volontaires ou involontaires, petites ou graves, les erreurs nuisent effectivement à la structure. En outre, il importe de tenir une comptabilité conforme aux lois en vigueur et fidèle à la réalité de l’entreprise. Amende, emprisonnement…, les risques que celle-ci encourt en cas de comptes inexacts ou fictifs sont loin d’être négligeables.

Les obligations légales à respecter pour la tenue de sa comptabilité

Malgré les risques qu’elle présente, une gestion comptable en interne a beaucoup pour plaire aux chefs d’entreprise. Cependant, pour bien faire sa comptabilité soi-même et éviter les mauvaises surprises, il convient avant tout de comprendre les obligations légales à observer en la matière. Celles-ci varient alors en fonction du statut juridique et du régime d’imposition de la structure.

Les obligations comptables des microentrepreneurs

Soumis au régime micro, les autoentrepreneurs bénéficient d’une comptabilité simplifiée et allégée. En fait, ils doivent tout simplement tenir à jour :

  • Un livre des recettes ;
  • Un registre des achats en cas d’exercice d’une activité de vente (marchandises, fournitures et denrées à consommer sur place ou à emporter) ou de prestation d’hébergement.

En outre, si un microentrepreneur exerce plusieurs activités de nature différente au sein de sa structure, il doit tenir une comptabilité pour chaque catégorie d’activité. Par ailleurs, il se trouve dans l’obligation de déclarer son chiffre d’affaires et de remettre une facture à ses clients.

À noter que l’ouverture d’un compte dédié à son activité professionnelle par l’autoentrepreneur peut s’avérer obligatoire. Mais uniquement si son chiffre d’affaires annuel dépasse les 10 000 euros pendant deux années consécutives.

Quid des entreprises individuelles ?

Pour les EI et EIRL, leurs obligations comptables consistent à :

  • La tenue d’un livre journal ;
  • L’établissement et la transmission d’une liasse fiscale.

Suivant son activité, une entreprise individuelle doit également se soumettre à :

  • Une comptabilité de trésorerie si elle se voit imposée dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) ;
  • Une comptabilité d’engagement (enregistrement des créances et des dettes) si son imposition rentre dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).

Comptabilité : les obligations légales des sociétés commerciales

Unipersonnelles ou pluripersonnelles, les sociétés commerciales (SAS, SASU, EURL, SARL, SA…) doivent respecter des obligations comptables plus poussées. Ces dernières diffèrent ainsi selon l’activité et le régime fiscal de la structure.

D’une part, les entreprises qui relèvent du régime réel normal d’imposition dans la catégorie des BIC ont des obligations plus lourdes :

  • Accomplissement d’une comptabilité d’engagement ;
  • Tenue d’un livre journal et d’un grand livre ;
  • Réalisation d’un inventaire (au moins une fois par période de 12 mois) ;
  • Établissement de comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) ;
  • Présentation simplifiée envisageable pour l’annexe sous condition de seuil ;
  • Centralisation mensuelle des journaux auxiliaires sur le livre journal.

D’autre part, les sociétés assujetties au régime réel simplifié peuvent profiter de démarches plus allégées par rapport à leurs homologues du régime réel normal :

  • Comptabilité d’engagement avec option possible pour la comptabilité de trésorerie en cours d’exercice ;
  • Possibilité d’une évaluation forfaitaire pour l’inventaire ;
  • Présentation simplifiée des comptes annuels ;
  • Présentation abrégée, voire dispense, de l’annexe ;
  • Centralisation trimestrielle des journaux auxiliaires sur le livre journal.

Par ailleurs, les structures soumises au régime de la déclaration contrôlée dans la catégorie des BNC ont des obligations moins contraignantes en matière comptable :

  • Comptabilité de trésorerie avec option possible pour la comptabilité d’engagement ;
  • Tenue d’un livre journal des recettes et des dépenses ainsi que d’un registre des immobilisations et des amortissements ;
  • Établissement d’un compte de résultat fiscal (déclaration n° 2035).

Comment faire sa comptabilité soi-même ?

Une excellente compréhension des obligations légales qui s’imposent à son entreprise se révèle indispensable pour pouvoir faire sa comptabilité soi-même. Mieux encore, il peut s’avérer judicieux de suivre une formation sur le sujet. Cela permet en effet d’acquérir les compétences nécessaires pour assurer soi-même la gestion comptable de son entreprise. En plus, de nombreuses formations, organisées par des centres spécialisés et des éditeurs de logiciel de comptabilité, existent actuellement.

En outre, pour faire sa comptabilité soi-même, l’entrepreneur a deux options : utiliser un logiciel dédié ou Excel. Dès lors, même si ce n’est pas obligatoire, il vaut mieux privilégier la première solution. Plus efficace et plus pratique, le recours à un tel outil permet de gagner énormément de temps dans sa démarche. D’ailleurs, les logiciels de comptabilité proposés aujourd’hui par les éditeurs sont légion. Disponibles gratuitement ou contre paiement (abonnement), ils disposent de tout un éventail de fonctionnalités intéressantes.

L’utilisation d’un logiciel de comptabilité est en tout cas de mise pour les sociétés qui doivent transmettre une copie de leur fichier d’écritures comptables (FEC) à l’administration fiscale. Si vous en faites partie, choisissez bien votre outil et paramétrez-le en fonction de vos besoins. Après quoi, vous pouvez vous lancer seul dans la gestion de votre comptabilité.

Auteur

Par Romain Laventure

Secrétaire Général de Kandbaz, en charge du pôle juridique, Administrateur du Synaphe (syndicat professionnel de l’hébergement d’entreprise)

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