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Emprunter ou céder du capital : comment choisir ?

Lecture en 7mn     Romain Laventure    
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Dernière mise à jour le 13 juin 2022

Pour financer ses besoins (biens corporels, financement en trésorerie), une entreprise peut utiliser ses fonds propres ou recourir à des financements extérieurs. Généralement, il est possible de céder une partie des parts sociales à de nouveaux investisseurs ou solliciter un prêt professionnel pour financer ses investissements ou lancer de nouvelles activités. Le choix dépend en principe des besoins de l’entrepreneur et de ses moyens financiers.

Mais que choisir entre les deux ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces deux solutions de financements ? Les détails.

Emprunter ou céder du capital : comment choisir ?

Pourquoi céder du capital pour développer son entreprise ?

La cession de capital est une démarche courante en entreprise afin d’avoir suffisamment de trésorerie pour financer de nouvelles activités, acquérir des biens immobiliers ou mobiliers, etc.

Il s’agit d’un contrat de vente dont le principe est encadré par la loi. Ainsi, avant de signer un contrat de cession, le cédant doit consulter les statuts de la société ou le pacte d’associés ou d’actionnaires afin de vérifier les obligations qui lui sont imposées. Généralement, la clause d’agrément doit être respectée en cas de cession de parts sociales à un tiers. Il s’agit d’une clause qui stipule que la vente d’actions ou de parts sociales est soumise à l’approbation de l’assemblée générale des associés ou d’un autre organe.

En outre, d’autres clauses s’appliquent également lors de cessions de titres, notamment :

  • La clause de préemption qui donne à certains associés la priorité sur l’acquisition des parts sociales ou actions cédées.
  • La clause d’inaliénabilité qui interdit aux associés de céder leurs parts sociales avant une durée déterminée.

Le contrat de cession

Il mentionne entre autres le prix de cession ainsi que les conditions qui s’y appliquent.

Après la signature du contrat, celui-ci sera enregistré au service des impôts des entreprises. Cette démarche est soumise au paiement d’un droit d’enregistrement dont le montant dépend du celui de la cession.

La modification des statuts

Les statuts mentionnent l’identité de tous les associés/actionnaires avec leurs parts sociales. La cession modifie ces informations et par conséquent les statuts.

Bien entendu, une modification statutaire entraîne la réalisation de plusieurs formalités, entre autres :

  • réunion des associés en assemblée générale extraordinaire ;
  • modification des statuts ;
  • enregistrement de la cession au service et des statuts des impôts des entreprises ;
  • publication d’une annonce légale ;
  • dépôt de l’acte de cession au greffe du tribunal de commerce ou au centre de formalités des entreprises.

Avantages et inconvénients de la cession de capital

La cession de capital a de nombreux avantages :

  • la solidité financière est plus forte et la trésorerie est renforcée ;
  • il n’y a pas d’endettement à moyen ou long terme :
  • l’entrée au captal de nouveaux investisseurs facilite l’accès à de nouveaux financements tels que le prêt bancaire, les aides publiques, etc.
  • la crédibilité de l’entreprise vis-à-vis de ses partenaires est accrue ;
  • l’entreprise peut accéder à des marchés plus grands.

Toutefois, cela a aussi des inconvénients :

  • la part de bénéfices de l’entrepreneur diminue, car le nombre d’associés ou actionnaires augmente ;
  • l’entrepreneur a moins de liberté dans la gestion de l’entreprise. En effet, les nouveaux investisseurs ont leur mot à dire sur les prises de décisions ;
  • la communication et la collaboration peuvent être difficiles si les associés ont des attentes et des visions différentes. Ce qui peut avoir des impacts sur le développement de l’entreprise.

Avant de céder une partie du capital à d’autres investisseurs, l’entrepreneur doit se poser quelques questions :

  • Consent-il à diminuer leurs parts de bénéfices ?
  • Est-il prêt à perdre une partie de son contrôle sur l’entreprise ?
  • Etc.

Emprunter : une démarche trop compliquée ?

C’est un fait, le financement bancaire n’est pas accessible à tous les professionnels, notamment les petites et moyennes entreprises. En effet, il est soumis à plusieurs conditions. La première est d’avoir des fonds propres suffisants. Concrètement, il faut disposer d’au moins 20 % du montant emprunté pour avoir la confiance du banquier. Par ailleurs, il faut également avoir de solides garanties. En un mot, pour obtenir un prêt bancaire, il faut réunir plusieurs conditions.

Toutefois, malgré ces nombreuses contraintes, il n’est pas impossible d’avoir la confiance des banques. D’ailleurs, de plus en plus de PME obtiennent chaque année un prêt bancaire. En 2017, 86 % des PME qui ont fait une demande de prêt bancaire ont vu leur dossier accepté.

Choisir sa banque

Avant de solliciter un prêt, il est conseillé de s’adresser à plusieurs banques et de comparer leurs offres. En effet, chaque établissement a ses propres conditions (TEG, taux d’intérêt, cautionnement, durée de remboursement, etc.). En mettant en concurrence les différentes banques, on peut obtenir les meilleures offres et conditions.

Bien préparer son dossier

Un dossier complet et soigné comportant toutes les informations nécessaires ainsi que les pièces justificatives demandées a toutes les chances de retenir l’attention du banquier.

Entre autres, il doit comporter le résultat, le bilan… des trois dernières années.

En effet, la banque va aussi analyser la santé financière de l’entreprise. Plus elle est stable depuis plusieurs années, plus la chance d’obtenir un prêt bancaire augmente.

Bien préparer l’entretien

Lors du rendez-vous oral avec le banquier, il est nécessaire de soigner sa présentation physique, mais aussi sa communication. Montrer que l’on croit à son projet de développement permet à la banque de croire également à la banque.

Le prêt bancaire est une solution de financement à long terme. Il permet de financer des besoins financiers importants. Toutefois, avant d’emprunter, il faut s’assurer que l’entreprise dégage suffisamment d’argent pour couvrir ses besoins à court terme.

En conclusion

Faut-il emprunter ou céder du capital pour développer son entreprise ? Cela dépend des besoins et des objectifs de l’entrepreneur et des associés. Ainsi, s’il s’agit de s’implanter dans un nouveau marché ou de se lancer à l’international par exemple, le prêt bancaire est la solution idéale. Autrement, la cession de capital est plus intéressante. De plus, elle n’engage pas financièrement l’entreprise sur le long terme. Toutefois, quelle que soit la solution choisie, il faut remplir certaines formalités et respecter certaines conditions.

Pour faire le bon choix, il est possible de se faire accompagner par un professionnel.

Auteur

Par Romain Laventure

Secrétaire Général de Kandbaz, en charge du pôle juridique, Administrateur du Synaphe (syndicat professionnel de l’hébergement d’entreprise)