Nos fiches juridiques +

Comprendre la différence entre le bilan et le compte de résultat

Lecture en 7mn     Romain Laventure    

Dernière mise à jour le 9 avril 2024

Chaque année, à la clôture d’un exercice comptable, l’entreprise doit publier ses comptes annuels préalablement approuvés par les associés au cours de l’assemblée générale ordinaire annuelle. Ceux-ci sont composés du bilan, du compte de résultat et des annexes. Ils doivent refléter une image fidèle de la situation de l’entreprise. Si les chiffres ne correspondent pas à la réalité, les dirigeants sont passibles de peines d’emprisonnement et s’exposent au paiement d’amendes. 

Par ailleurs, l’établissement ainsi que la publication des comptes annuels sont une obligation légale pour les sociétés commerciales (SA, SAS, SARL, SNC, SCS, SCA). Le non-respect de cette obligation expose les dirigeants à des sanctions pénales et/ou civiles lourdes.

Dans le langage courant, on confond souvent bilan et compte de résultat. Pourtant, les deux ont des fonctionnements très différents, quand bien même ils sont complémentaires.

Dans cet article, voyons la différence entre ces deux états financiers. Mais d’abord, revenons sur ce qu’est le compte de résultat et le bilan. 

Qu’est-ce que le compte de résultat ?

Le compte de résultat est l’un des états financiers de l’entreprise. Comme son nom le laisse deviner, il donne le résultat de la structure à un instant t (généralement à la clôture de l’exercice mais on peut aussi prévoir des situations intermédiaires à d’autres de l’année). Le compte de résultat est dit dynamique, car il retrace les différents produits et charges qui font fonctionner l’entreprise sur un exercice donnée. La différence entre les produits et les charges donne le résultat (bénéfice ou perte).

Les produits (les comptes de classe 7)

Il s’agit de tout ce que l’entreprise a perçu au cours d’une période donnée (ou tout ce que l’entreprise a facturé),

  • les produits d’exploitation : le chiffre d’affaires ;
  • les éléments financiers : par exemple les intérêts perçus sur des comptes courants ;
  • et les éléments exceptionnels : par exemple ventes d’immobilisations, remboursements d’assurances ou produits ne dépendant pas directement de l’exploitation.

Les charges (les comptes de classe 6)

Elles correspondent aux charges engagées par l’entreprise pour réaliser correctement son activité. Il s’agit de :

  • achats et charges diverses : par exemple fournitures, approvisionnements, loyers, sous-traitance, le nettoyage, etc.
  • charges de personnel : les salaires, cotisations sociales ;
  • impôts et taxes : CET, TVS, etc.
  • intérêts financiers : les agios, intérêts d’emprunt, etc.
  • charges exceptionnelles.

Pour calculer le résultat, il suffit de soustraire les charges aux produits. Si les produits sont supérieurs aux charges, l’entreprise dégage un bénéfice. Dans le cas contraire elle dégage une perte.

Le compte de résultat permet de comparer la santé de l’entreprise d’une année sur l’autre. Il mentionne les produits et les charges du premier jour de l’exercice comptable jusqu’à sa clôture.

Le compte de résultat est aussi souvent utilisé dans la valorisation de l’entreprise (en utilisant un multiple du résultat par exemple).

Qu’est ce que le bilan ?

Le bilan est autre état financier de l’entreprise. Il mentionne le patrimoine de l’entreprise à un instant t. On dit parfois qu’il est la photo de ce que possède l’entreprise et de ce qu’elle doit. Le bilan est composé de l’actif (à gauche) et du passif (à droite).

L’actif du bilan

Il fait référence à ce que possède l’entreprise :

  • Les immobilisations : immobilisations financières (titres de participations dans d’autres sociétés, et les prêts et créances rattachés à ces participations) ; les immobilisations corporelles (terrains, constructions, matériels, installations techniques, etc.) ; et les immobilisations incorporelles (recherche et développement, logiciels, brevets, etc.).
  • Les actifs circulants : les stocks, la trésorerie, les créances clients.

Le passif du bilan

Il s’agit des dettes de l’entreprise, autrement dit tout ce qu’elle doit et notamment :

  • le capital apporté par les associés (ce qu’elle « doit » aux associés) ;
  • les emprunts bancaires ;
  • les dettes fournisseurs ;
  • les dettes fiscales et sociales ;

Le bilan permet à l’entreprise d’analyser sa situation financière. Il permet de savoir si les ressources sont suffisantes pour financer les activités ou si la structure vit grâce aux emprunts et aux dettes fournisseurs.
Lors de la valorisation d’une entreprise on regarde spécifiquement sa trésorerie et ses dettes. Plus précisément on ajoute la trésorerie à la valeur de l’entreprise et on déduit les dettes pour obtenir une valeur nette.

Les différences entre le compte de résultat et le bilan

Maintenant que la lumière est faite sur ces deux comptes, voyons leurs principales différences.

Le bilan et le compte de résultat ne visent pas les mêmes objectifs de lecture. Le compte de résultat analyse les performances de la société à la fin d’un exercice comptable. Il permet de savoir si l’entreprise a réalisé un bénéfice ou une perte (si ses produits couvrent bien ses charges).
Il donne une information précieuse sur, par exemple, la capacité de l’entreprise à rembourser un emprunt.

C’est aussi le document qui sera le plus utilisé dans les méthodes de valorisation modernes. On pourra prendre en complément les résultats des deux exercices précédents et le compte de résultat prévisionnel.

Surtout il donne immédiatement une information sur la viabilité de l’activité de l’entreprise grâce au résultat d’exploitation. Celui-ci doit a minima être à zéro pour ne pas obliger le chef d’entreprise à puiser dans ses réserves. Un résultat d’exploitation négatif peut s’entendre pendant un ou deux exercices mais les perspectives de l’entreprise doivent lui permettre de re(devenir) positif rapidement. Des résultats d’exploitation négatifs successifs doivent être expliqués et corrigés.

Le bilan fait état de la santé économique et financière de l’entreprise. Il permet de savoir si l’entreprise est financièrement viable. Il donne aussi des éléments clés sur :

  • les immobilisations (l’état du parc immobilier ou industriel ou encore les participations détenues),
  • la trésorerie de l’entreprise (comprendre le solde de son compte bancaire),
  • le montant des créances client (l’entreprise a-t-elle du mal à se faire payer ?).

Dans la plupart des cas les acteurs de l’écosystème de l’entreprise demanderont à consulter les 2 documents (bilan et compte de résultat). Ces états synthétiques pourront être complétés le cas échéant par une balance générale détaillée voire un grand livre.

Quels sont les points communs entre le bilan et le compte de résultat ?

Si ces deux états financiers comptent de nombreuses différences, ils présentent aussi des similarités. Du reste, ils sont complémentaires pour connaître la situation financière de l’entreprise à un instant T.

En effet, grâce au bilan et au compte de résultat, les associés tout comme les partenaires financiers peuvent vérifier la solvabilité de l’entreprise. De son côté, l’expert-comptable peut calculer le montant de l’impôt dû en se basant sur ces deux comptes.

Par ailleurs, le compte de résultat et le bilan constituent ce que l’on appelle les comptes annuels de l’entreprise. Avec les annexes, ils doivent être présentés aux associés au cours de l’assemblée générale ordinaire annuelle, puis approuvés et publiés au greffe du tribunal de commerce dans le délai légal. Soit dans les six mois suivants la clôture des comptes.

Le mot de la fin

Le compte de résultat et le bilan sont différents sur plusieurs points, mais ils constituent une mine d’informations pour le dirigeant et les associés. Notamment sur l’état de santé et l’avenir de l’entreprise.

Un résultat positif ne garantit pas la pérennité de l’entreprise. Le bilan doit aussi être sain. Si les deux sont équilibrés, l’entreprise a de grandes chances de durer dans le temps.

Auteur

Par Romain Laventure

Secrétaire Général de Kandbaz, en charge du pôle juridique, Administrateur du Synaphe (syndicat professionnel de l’hébergement d’entreprise)